Par Lisa Torriente :
Notre projet est né presque silencieusement.
Il a grandi par petites touches, comme on peindrait une fresque monumentale
« sans le savoir ». Mais c'est une longue histoire.
Je suis à l’origine de cette idée folle dans sa forme actuelle.
Rodolphe Ittig a tout de suite apporté son aide par son
regard, ses questions, ses propositions. Il incarnera « Max » qui
aurait pu être son double tant, je l’avoue, je me suis inspirée de lui et de
nos amusantes bagarres quotidiennes.
Amanda Cepero est vite apparue dans le
texte, à travers le personnage de « Caridad » qui a été écrit en
pensant à elle. Puis Coralia Rodríguez a fait de même, s’imposant comme une
« Regla » incontournable.
Une partie de l'équipe bien entourée ! Novembre 2017 © Isabelle Million |
Dès lors que nous avions reformé en partie
l’équipe d’un spectacle précédent, mis en scène par Carlos Díaz, « Joséphine, cérémonie pour actrices désespérées »,
l’envie pour nous tous de retravailler avec le « maestro » était trop
forte. Contacté, Carlos a répondu immédiatement « oui » à cette demande.
Loïc
Bonnavia, comme de juste aux commandes des lumières, il restait à trouver qui
créerait les images dont nous avions besoin.
C’est Coralia qui m’a suggéré
d’appeler Isabelle Million pour le job. Magique ! Isa est un peu ma
jumelle. Plus jeune de 8 ans, d’accord, femme d’images alors que moi, c’est le
texte, elle a dans la tête et dans le cœur des visions et des ressentis qui
sont si proches des miens, une même façon de concevoir la vie et le partage.
Bref, une rencontre essentielle dans ce processus de création.
Elle nous a
amené Adolfo Izquierdo Mesa, un complice cubain qui apporte sa « cubanité » et son expérience professionnelle
au service de la création du stop-motion. Cette technique d’animation d’images
photographiques dont Isabelle Million s’est faite la spécialiste et que Carlos
Díaz a choisie pour l’insérer dans le spectacle comme scénographie puis comme
personnage à part entière, à l’instar du chœur dans le théâtre antique.
De mois en mois, le projet s’est étoffé,
transformé, « ses cheveux et ses
dents ont poussé », il a pris des muscles, soit de la hauteur et de
l’épaisseur jusqu’à être aujourd’hui ce langage commun entre théâtre et cinéma
d’animation.
2 musiciens, un suisse et l’autre cubain, on rejoint le
groupe : Michel Kun (percussions) et Lorenzo Tartabull (guitare et chant).
Ils sont à eux deux l’image de ce spectacle : un pont entre deux rives de l’océan,
un lien entre passé colonialiste, esclavagiste, et présent douloureux et
optimiste à la fois, où ceux qui s’affrontaient ont tout à apprendre les uns
des autres.
La rencontre, l’humilité, l’ouverture,
l’intérêt, tout cela conjugué pour arriver au partage et au rêve.